Association Présence de Gabriel Marcel

 
Un volume, 196 p.
ISBN : 2-9512139-4-8
Parution : avril 2001
15 euros 
Avant-propos de E.M.Cioran

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PRÉSENCE ET IMMORTALITÉ

« Il m'est souvent arrivé de concentrer mon attention sur ces mots : mon système ou ma philosophie, et d'être saisi par une sorte d'effroi en présence de leur caractère dérisoire. » L'horreur du système est le commencement de la vraie philosophie. À partir du moment où elle est traitée comme un avoir, une philosophie ne se dégrade-t-elle pas, ne se mue-t-elle pas en son propre cadavre ? Gabriel Marcel répugne à la pensée figée, à la réponse irrévocable qui annule et tue l'interrogation.
Ce livre, Présence et immortalité, contient des pages de son Journal métaphysique ainsi que deux textes, l'un sur les caractères généraux de sa pensée, l'autre sur les prémices existentielles de l'immortalité. C'est principalement sur l'existence quotidienne, le péché et la mort, une suite de réflexions prises et reprises à la manière d'un thème musical. L'inquiétude n'en est pas absente, car si la philosophie tend universellement à l'instauration d'une certaine paix intérieure, d'une certaine harmonie, celles-ci ne sauraient être données à l'origine. L'aspiration vers elles s'éprouve comme une nostalgie, c'est-à-dire comme une inquiétude. « Être inquiet, c'est chercher son centre ».

« J'estime qu'il peut être salutaire d'ouvrir des brèches dans l'armure intelligible où nous étouffons chaque jour davantage. Ce qui importe, c'est de savoir si en s'affranchissant, non pas d'ailleurs complètement, de la mentalité primitive et de ses catégories, l'homme ne s'est pas rendu de plus en plus aveugle à certains aspects fondamentaux du monde où il lui est donné de vivre. Cette possibilité, entrevue par Bergson, ne me semble pas avoir été sérieusement explorée par les philosophes qui l'ont suivi, cela pour des raisons trop faciles à découvrir. Explorer, dis-je : oui, la recherche prend ici un caractère spéléologique ; il s'agit de se frayer un chemin au fond d'un gouffre, à la lumière vacillante d'une réflexion qui se doit à elle-même de mettre en question à chaque pas les principes sur lesquels repose la connaissance diurne. (…) Il sera important de noter qu'il n'y a pas de raison pour qu'une philosophie existentielle gravite autour de l'angoisse ; je songe à l'ivresse de découvrir, d'explorer (un pays, une partition) - et qui est peut-être la joie la plus pure que j'aie éprouvée. »
(pages 64-65 et 161)

« Il n'y a d'espérance que malgré tout, je crois qu'elle ne peut s'enraciner que dans le pressentiment, hélas discontinu, d'un monde invisible hors duquel tout ne serait que délirante absurdité et dont les grands spirituels, d'une part, les plus grands musiciens, de l'autre, un Bach, un Mozart, un Beethoven, avant tout, nous ont livré les inestimables et fulgurantes prémices. »
(page 150)

GABRIEL MARCEL

Présence de Gabriel Marcel
Julien Farges - Archives Husserl de Paris
UMR 8547 - Pays germaniques
45, rue d'Ulm
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